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78e Festival d’Avignon: l’espagnol en langue invitée,  le chorégraphe Boris Charmatz en artiste complice 

L’édition 2024, avancée d’une semaine en raison des Jeux Olympiques, se tiendra du 29 juin au 21 juillet et misera, une fois encore, et plus que jamais sur la création. Avec moins de spectacles pour offrir des séries plus longues de représentations. Avec entre autres Angelica Liddell en ouverture à la Cour d’honneur, et le retour de la Comédie-Française sous la baguette de Tiago Rodrigues 

  

“Pourquoi ? Pourquoi fait-on encore ce Festival, depuis le geste fondateur de Jean Vilar en 1947, génération après génération comme un trésor transmis à travers le temps ? Pourquoi organise-t-on encore cette fête des arts dans un monde menacé par les guerres, les inégalités, la crise climatique et la montée des extrémismes ?” Un questionnement existentiel, insufflé par Tiago Rodriguez, ce mercredi et qui devait donner le ton de la programmation de cette 78e édition (sa seconde en tant que directeur). Alors pour y répondre, le fil rouge sera “Chercher les mots”, ensemble, artistes et publics. Le festival d’Avignon, plus que jamais espace vital de découverte de l’inconnu, d’éveil du sensible et de débats démocratiques. Et cette 78e édition ne déroge pas à cette règle devenue immuable, contre vents et marées, critiques et lazzis.  

Plus que jamais, le pavillon “festival de création” flotte au-dessus de la cité des papes. Sur les 35 spectacles présentés, 83% sont des créations et la danse se taille une part belle. Ainsi, nouveauté cette année, la présence d’un artiste complice et c’est le danseur-chorégraphe Boris Charmatz (qui fut sous l’ère Baudriller-Archambault, artiste associé en 2011) qui endosse le costume. Il présentera trois projets, dont deux au stade Bagatelle sur l’île de la Barthelasse: “Liberté cathédrale” pour 26 danseurs. “La pièce la plus longue que j’ai jamais créée, explique le directeur du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch. On l’a présentée une première fois, l’automne dernier, dans une église à Wuppertal, jusqu’au 18 avril on la danse au Chatelet et elle sera recréée en juillet, dans l’herbe sur un terrain de foot”. Et “Cercles”, un atelier de recherche pour 200 personnes, amatrices et professionnelles. A la FabricA, Boris Charmatz proposera “Forever” d’après “Café MÜller”, pièce iconique de Pina Bausch (présentée en 1995 dans la Cour d’honneur du Palais des papes). “Cette immersion durera sept heures, mais on recommande aux spectateurs de rester au moins deux heures” ne manqua pas de souligner malicieusement le chorégraphe complice. 

 

Angelica Liddell convoque Ingmar Bergman et Séverine Chavrier Faulkner    

L’iconoclaste et provocante artiste espagnole, Angelica Liddell, fidèle du Festival, aura pour la première fois les honneurs de la Cour du Palais.  Son “Dämon El funeral de Bergman” (déconseillé aux moins de 16 ans), aura tout d’un hommage décalé au cinéaste suédois. Séverine Chavrier, directrice de la Comédie de Genève, créera en première mondiale, à la FabricA, “Absalon, Absalon” adapté du roman éponyme de William Faulkner, au cœur de la guerre de Sécession.  Autre créatrice majeure, Caroline Guiela Nguyen, qui a succédé en septembre dernier à Stanislas Nordey, à la tête du Théâtre national de Strasbourg, racontera, avec “Lacrima”, l’histoire de la confection d’une robe de mariée, au gymnase du lycée Aubanel, là même où elle créa son très remarqué “Saigon” en 2017. 

 

Photo: Tiago Rodriguez, directeur du Festival d'Avignon et le chorégraphe Boris Charmatz, artiste complice, directeur depuis 2022 de la compagnie Tanztheater Wuppertal-Pina Bausch


La comédie Française pour la première fois à Boulbon 

Pour sa réouverture , après sept années de silence, la carrière Boulbon avait vu l’an dernier se déployer “Le jardin des délices” de Philippe Quesne (un voyage initiatique diversement apprécié). Cette année, elle sera l’écrin minéral de la  création du directeur Tiago Rodrigues, “Hécube, pas Hécube” d’après la tragédie d’Euripide. Une réécriture libre pour la Comédie-Française. Avec Elsa Lepoivre, Denis Podalydèes,  Eric Génovèse,  Loic Corbery  (spectacle retransmis en direct sur France 5 le 5 juillet). 

 

A l’heure espagnole 

Après l’anglais, l’an dernier, l’espagnol est la langue invitée de cette 78e édition. Outre Angelica Liddell , seront présents, et pour nombre d’entre eux pour la première fois à Avignon,  les Argentins Mariano Pensotti (“Une ombre vorace”, le spectacle itinérant dans plusieurs communes autour d’Avignon), Lola Arias et Tiziano Cruz, le Chilien Malicho Vaca Valenzuela, l’Urugayen Gabriel Calderon, la Suisso-Espagnole La Ribot qui évoquera en danse et en musique la reine oubliée Jeanne 1ère de Castille, la Péruvienne Chela De Ferrari, qui avec “La gaviota”, librement adaptée de “La mouette” de Tchekhov, placera dans la lumière des interprètes malvoyants. On se laissera tout à loisir emporté dans l’univers poétique et débordant d’humour, à la croisée du cirque et de la danse, de “Qui som?” de la compagnie franco-catalane Baro d’evel. Les Portugais Inès Barahona et Miguel Fragata nous feront partager leurs interrogations avec “Terminal (l’état du monde). Et si la crise climatique était aussi une crise de l’imagination ? 

Pour son projet “Démonter les remparts pour finir le pont” qu’il conduit depuis 2023 et pour quatre ans, Gwenaël Morin se frottera au plus grand classique de la littérature espagnole, Quichotte de Cervantès, en compagnie de Jeanne Balibar au jardin de la Maison Jean-Vilar.   

 

A l’honneur dans la Cour 

“Mothers, a song for Wartime”, la pièce chorale de la Polonaise Marta Gornicka, donnera voix à 21 femmes d’Ukraine, Biélorussie et Pologne, qui chanteront et raconteront leurs propres histoires de guerre, d’exil et de résistance.  

Après dix ans d’absence, le metteur en scène polonais Krysztof Warlikowski fera son retour avec “Elisabeth Costello, sept leçons et cinq contes moraux” d’après l’oeuvre de J.M Coetzee, Prix Nobel 2003 de littérature.  

Toute première fois également au Festival et qui seront très attendus : Lorraine de Sagazan (cousine de Zaho) qui dans “Leviathan”, au gymnase du lycée Aubanel, interrogera le fonctionnement du système judiciaire. Elle présentera également, avec la scénographe Anouk Maugein, une installation à la Collection Lambert, “Monte di pieta”. 

A la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, Mohamed El Khatib mettra en scène des personnes âgées dans “La vie secrète des vieux” qui raconteront leurs désirs et leurs histoires d’amour d’aujourd’hui.  

Au cloître des Célestins, dans “Avignon, une école” de Fanny de Chaillé, nouvelle directrice du Théâtre national de Bordeaux, quinze jeunes comédiens et comédiennes traverseront l’histoire du Festival d’Avignon pour raconter leur propre histoire.  

Enfin, cette 78e édition se clôturera, en musique, le 21 juillet à l’Opéra Grand Avignon, avec une grande voix de la musique populaire espagnole, Silvia Pérez Cruz, en association avec Les Suds à Arles.  

 

Voilà bien une édition 2024 au carrefour de grandes promesses et son directeur Tiago Rodrigues a sans conteste, et avec le lyrisme qui lui sied, les mots pour le dire : “L’Art ne garantit pas le bonheur, mais il améliore nos chances de le poursuivre”. 


Chantal MALAURE - Avignon, 5 avril 2024

 

Réservations possibles à partir du 6 avril 2024, sur le site du festival : https://festival-avignon.com/

 

LE 78E FESTIVAL EN CHIFFRES 

  • Du 29 juin au 21 juillet (deux jours de plus que l’an dernier). 

  • 35 spectacles (neuf de moins que l’an dernier); 

  • 219 représentations 

  • 121 500 places payantes (des milliers de places à entrée libre) 

  • La parité absolue: 19 femmes et 19 homme signent les créations 

  • La programmation est composée de 83% de créations et pour moitié de premières mondiales. 

  • 51% des projets sont théâtraux, 49% des spectacles chorégraphiques et pluridisciplinaires.  

  • 70% des projets sont produits ou coproduits par le Festival d’Avignon 

  • 300 autres évènements sont également prévus (rencontres, lectures, débats, concerts, créations radio, projections cinéma...) 

  • Deux expositions dont “On ne fait pas relâche”, un hommage à Alain Crombecque, ancien directeur du Festival d’Avignon (1985-1992). A la Maison Jean-Vilar. 

photo © Ch. M.

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