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Aflalo live

Se rendre au théâtre pour découvrir la face cachée, les doutes, les faiblesses des pop stars qui remplissent les zéniths. Un spectacle paradoxal qui laisse perplexe…

 

La salle, petite, a malgré tout les allures d’une grande par ses fumigènes et l’ambiance sonore surchauffée. En voix off, en introduction, la sempiternelle question adressée au public par la vedette d’un méga-concert pour savoir si on va bien !

 

Stéphanie Aflalo, toujours en coulisses, nous demande pourquoi nous sommes là malgré un autre concert dans la même ville, malgré un policier à la télé (elle est bien informée !) et nous remercie à plusieurs reprises d’être venus. Nous sourions, nous sentons flattés d’autant plus qu’elle nous trouve, sans encore nous avoir vus ni entendus, très gentils ! Elle paraît touchée que nous l’ayons choisie, elle, pour passer la soirée en sa compagnie. Par contre, elle nous met devant cette évidence qu’elle ne nous a pas choisis. La causticité semble au rendez-vous. Une dernière demande nous est adressée : lui accorder un peu de liberté et, en contrepartie, elle promet de tout donner.

 

Passons le premier quart d’heure scatologique où le second degré est difficilement perceptible. La comédienne, conceptrice du projet, interpelle ensuite les spectateurs toujours très à l’écoute pour savoir d’où ils viennent et créer ainsi une cartographie virtuelle. Des questions et encore des questions. Une logorrhée sur l’anosognosie (hé oui !) et une litanie d’affirmations à propos de ce qu’elle sait. Les questions, c’est finalement nous qui nous les posons car nous ne saisissons pas où Stéphanie Aflalo (elle épelle son nom horizontalement puis verticalement en acrostiche) veut nous mener.

 

Pourtant, on ressent une belle présence sur le plateau, une gestuelle étudiée et expressive, une énergie débordante, une voix correctement placée, variée aussi bien dans le phrasé que dans le chant.

Aucun décor matériel mais un habillage lumineux inventif et assez époustouflant. L’arrivée sur scène de l’interprète dans un contre-jour est bluffante. L’usage de la vidéo est pertinent.

 

Malgré tout ça, nous restons pantois, perplexes face à la faiblesse de l’écriture. Pardon, mais nous ne discernons aucune ironie, ni humilité, ni sincérité, ni émotion quand elle demande, elle, pardon ; quand elle avoue avoir tout gâché, avoir compris la leçon et qu’elle ne fera plus de théâtre… Elle en vient même, simulant sa désolation, à quémander un mouchoir à un spectateur et propose de le lui rendre après usage en guise d’objet fétiche.

 

La représentation qui se voulait réflexion se clôture par le droit, l’honneur, le privilège de porter l’artiste à bout de bras du bord de scène jusqu’à la régie (une vingtaine de mètres !). Un rituel de pop stars dont on avait espéré un décodage, puisqu’annoncé. Spectacle plus que paradoxal.

Isabelle SPRIET, Lille, 27 décembre 2023

Live

Théâtre du Nord, du 19 au 21 décembre 2023

Paris, Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt-La Coupole, du 17 au 24 février 2024

Écriture, jeu et composition musicale  Stéphanie Aflalo

Photo © Roman Kane

Création et régie vidéo : Pablo Albandea

Collaboration musicale & régie son : Léo Kauffmann 

Création lumière Philippe Ulysse

Soutien de la DRAC Hauts-de-France, de la Région Hauts-de-France et de la SPEDIDAM  

 

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