Festival Off - Cœur sans écho - Théâtre Du Vieux Balancier - 11 h 30
Coïncidence ou pas (l’espagnol, langue invitée de la 78e édition du In), le poète et dramaturge Federico Garcia Lorca né en 1898, assassiné en 1936 par les milices franquistes, ressuscite grâce à une mise en espace, en voix, en images étudiée et réfléchie.
Sur la scène, côté jardin, quelques fleurs rouges et blanches posées ; côté cour, des cierges également bicolores allumés qui seront éteints au fur et à mesure des poèmes interprétés ; au fond, un simple tulle pour écran ; au centre une chaise prie-Dieu.
Entre, sur un air de flamenco, Jean Leloup vêtu d’un costume symbolique, créé par la styliste Sarah Lormant, en velours bleu nuit, agrémenté d’une cape de torero. Déjà impressionnant. C’est qu’il est grand le gaillard ! Impressionnant aussi de constater combien il s’engage pleinement à faire découvrir ou redécouvrir, en français mais aussi en espagnol, les poèmes les plus marquants de Lorca. Notamment « Romance somnambule », « Mort d’Amour », « Solitude », « Panorama aveugle de New-York » et le monumental « Champs funèbres pour Ignacio Sanchez Mejias ».
Un récital de poésie théâtralisé de la première à la dernière minute ! Même si certains vers ne nous atteignent pas directement car englobés dans un tout, nous restons séduits en permanence par la multiplicité et l’originalité des techniques choisies pour toucher le cœur du spectateur. Sans redondance, sans effet trop illustratif, tandis que les textes, toujours annoncés, s’enchaînent, alternent des images, des films vidéo, des dessins, des documents d’archives.
Leloup, un comédien qui ne se contente pas non plus de faire preuve d’une bonne mémoire ! Il danse, torée, juste ce qu’il faut. Il occupe le plateau : bouleversant sa posture face au sol en hommage au matador Mejias, surprenant son dos en guise aussi d’écran de projection, touchant agenouillé sur une chaise.
En écho, résonnent ces mots traduits : «Si la mort est bien la mort / Que deviennent les poètes / Et les choses endormies / Dont personne ne se souvient ? » Isolé dans la surabondance des seuls en scène, un spectacle fini, non pas centré sur le moi-je mais la poésie et l’Histoire.
Isabelle Spriet
Avignon, 12 juillet 2024
Ecriture : Federico Garcia Lorca
Traduction, mise en scène, jeu : Jean-François Leloup
Chorégraphie : George Butler et Patricio MartinCostume : Sarah Lormant
Vidéo : Eva Escobar
Musique : Silvère Wong
Photo : D R
Production : Cie La Meute
Lieu : Théâtre du Vieux Balancier jusqu’au 21 juillet (relâche mardi)
Durée : 1 h
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