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Ceci n’est pas une ambassade (fabriqué à Taiwan)

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Si le titre est inspiré d’un tableau de Magritte (« Ceci n’est pas une pipe »), peintre surréaliste du courant artistique centenaire, c’est une réalité bien réelle que nous présente le collectif Rimini Protokoll, spécialisé dans le théâtre documentaire.

 

A part lire sur une étiquette de vêtement ou de jouet « Made in Taiwan », que savons-nous réellement de cet Etat insulaire, anciennement Formose, qui a son gouvernement et son drapeau mais reste considéré comme une province chinoise ?

Le plus facile et le plus pertinent est de faire appel à trois personnes, trois témoins sans aucun point commun entre eux, si ce n’est qu’ils sont issus de la société civile taïwanaise et choisis par le Suisse Stefan Kaegi, concepteur et réalisateur du projet : une musicienne héritière d’un empire du thé aux perles (Debby Szu-Ya Wang), un diplomate à la retraite (David Chienkuo Wu) et une activiste digitale (Chiayo Kuo).

Chacun à son tour et en alternance, avec une voix presque neutre c’est-à-dire sans excès d’émotion, ils parleront d’eux, de leur vécu, de leur histoire personnelle tout en abordant, avec impartialité, le passé et le présent et donc l’histoire avec un grand H.

 

Le côté didactique est allégé par la variété de supports techniques et scéniques utilisés : une foule d’informations culturelles et économiques sont projetées sur un drapé porté ou suspendu, visualisées par des maquettes ; la famille et les personnalités citées apparaissent en photos ou cartons découpés ; des films vidéo appuient les propos. Tellement intéressant et passionnant que nous avons le désir d’imprimer immédiatement dans notre mémoire tout ce qui est dit et surtitré. Impossible cependant car trop rapide ! Il est vrai que nous sommes dans une salle de spectacle et non dans un établissement scolaire !

 

Nous apprenons que Taiwan, bien que démocratique, n’est reconnue pas aucun pays européen hormis le Vatican et qu’elle n’est représentée, au niveau mondial, que par une douzaine d’ambassades. Pour cette nation de plus de vingt-quatre millions d’habitants, nos trois protagonistes suggèrent donc que le théâtre qui les accueille se métamorphose en …ambassade. Bonne idée !

Et voilà la compositrice à la recherche d’un hymne pour son île qu’elle a fait tatouer sur son bras. L’activiste se demande, elle, quelles couleurs symboliques choisir pour l’étendard de ce territoire montagneux entouré d’eau, quatre fois plus grand que la Corse ; le vert et le bleu conviendraient bien !

Quant au diplomate, pancarte à la main, il nous explique son désaccord sur, notamment, le fait que Taiwan a dû quitter l’ONU en 1971 suite au rétablissement des relations entre USA et Chine continentale commandité par Richard Nixon.

 

Le temps d’un soir, nous sommes devenus les invités privilégiés de l’ambassade éphémère de Taiwan, Etat situé sur une zone sismique très active au bord du Pacifique, coincé entre deux grandes puissances au régime politique diamétralement opposé. Grâce à l’art vivant qui n’a pas de frontière, nous en savons plus sur ce peuple pacifique, digne, plus soucieux d’aller de l’avant que de s’apitoyer sur son sort de victime menacée en permanence d’être récupérée par l’état communiste chinois.

 

Isabelle SPRIET

Valenciennes, 1er décembre 2024

 

Conception et réalisation : Stefan Kaegi

Dramaturgie et assistance à la mise en scène : Szu-Ni WenScénographie : Dominic Huber

Vidéo: Mikko Gaestel

Musique : Polina Lapkovskaja (Pollyester), Debby Szu-Ya Wang, Heiko Tubbesing

Lumière : Pierre-Nicolas Moulin

Accessoires : Séverine Blanc, Clélia Ducraux, Mathieu Dorsaz

Photo : Claudia Ndebele

Production Europe : Tristan Pannatier (Théâtre Vidy-Lausanne)Production Taïwan : Chin Mu (NTCH)

Avec : Chiayo Kuo, Debby Szu-Ya Wang, David Chienkuo Wu  

 

TOURNÉE - 4 et 5 décembre 2024, Nantes, Lieu Unique

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