Conte fantastique, à la croisée de Frankenstein* et du Robot qui rêvait**, Frankie nous invite à secouer notre humanité, comme on agiterait un édredon. Pour la dépoussiérer et lui donner plus de relief. Une mise en vie décalée et visuelle, superbement exécutée.
Conflits particuliers ou collectifs, individualisme à outrance, indifférence à l’autre… Les humains seraient ils en train de perdre leur essence même : l’humanité ? Et face à ce risque, la technologie peut-elle nous sauver ? La réalité augmentée pourrait-elle se translater en une humanité augmentée ? Serait-il possible de programmer des humains 2.0 dotés d’un supplément d’empathie ? De l’idée à l’expérience, il n’y a qu’un pas qu’un savant, une héritière et un ado orphelin ont décidé de franchir. Pour le meilleur… ou pour le pire.
Un conte sur une problématique résolument contemporaine que « Le Voyageur Debout » nous invite à découvrir dans une ambiance intemporelle et suffisamment onirique pour lui prêter tous les espaces. La scénographie, volontairement chargée, participe à cette impression de conte hors du temps, en donnant une patine fort esthétique au cadre de l’histoire.
Une histoire que les comédiens conduisent de main de maître, en dressant des portraits de plus en plus nuancés de leurs personnages. Avec une mention toute particulière à celui de Frankie, qui se dessine avec finesse comme un cobaye volontaire facétieux et fragile. Ainsi qu’à celui du narrateur, drôle à souhait, et particulièrement bien mis en exergue tout au long de la pièce.
Voici donc un fort agréable moment de théâtre, esthétique, musical et ludique. Mais qui invite aussi à la réflexion sur notre humanité et notre capacité à la bienveillance, la générosité, au partage. Cette empathie nécessaire à nos âmes d’êtres sociaux. Et dont le Voyageur Debout regorge.
Karine PROST - Avignon – 11 juillet 2022
* Frankenstein, Mary Shelley
** Le Robot qui rêvait, Isaac Asimov
Frankie, conte fantastique
Avignon, Festival Off,
Théâtre Le Petit Chien, à 19h30
du 7 au 30 juillet - Relâches : 11, 18 et 25 juillet
Mise en scène : Jean-Luc Bosc
Auteur : Jean-Luc Bosc
Interprète(s) : Sandrine Gélin, Marie-Emilie Nayrand, Jean-Luc Bosc / Stéphane Emsheimer
Photo @ P. Dumont
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