« Donnez moi toutes vos mains, si nous sommes amis, et Robin prouvera sa reconnaissance. », dernière réplique adressée au public de la pièce de William Shakespeare dont les spécialistes s’accordent à dire qu’elle fut écrite entre 1594 et 1596 à l’occasion d’un mariage princier. C’est dire que, depuis, on ne compte plus les adaptations au théâtre et au cinéma.
Le metteur en scène belge Jean-Michel d’Hoop, en véritable amoureux des arts de la scène, s’est inspiré de cette ultime réplique pour nous offrir une représentation qui restera dans les annales de nombreux festivals notamment celui d’Avignon en 2023. En effet, huit artistes et donc seize mains de comédiennes-comédiens suffisent pour incarner avec crédibilité et jubilation la vingtaine de personnages empruntés au monde des fées, des nobles et des artisans-acteurs.
Si les codes traditionnels, conventionnels sont bousculés, toutes les trouvailles scéniques sont étonnantes, surprenantes sans pour autant être gratuitement provocantes : une voix de femme pour un rôle d’homme, un roi des elfes mué en drag-queen, des souverains nains, d’inattendus changements à vue... Du début à la fin, nous voici ébahis par le jeu corporellement et vocalement époustouflant et donc bien rôdé des marionnettistes. Tellement happés par l’interprétation, l’énergie donnée, les scènes qui se succèdent sans aucune baisse de régime, pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles, au point d’en arriver à oublier que ce sont des poupées, des pantins derrière lesquels se cachent de vraies personnes.
Ceci étant, pour profiter pleinement de cet ovni théâtral, il est bon d’avoir en mémoire les grandes lignes des trois histoires qui s’entrelacent, ne fût-ce que pour être familiarisé à l’audition des prénoms et s’y retrouver à travers les échanges et rebondissements entre un quatuor d’amants, la mise en abyme très drôle du théâtre dans le théâtre, les manigances des fées et le pouvoir de leur potion magique.
Et lorsque Puck le lutin s’adresse une dernière fois aux spectateurs, ce sont en effet eux qui applaudissent des deux mains en signe de reconnaissance au fondateur de la compagnie Point Zéro pour cette adaptation singulière d’un songe aux allures d’une folle comédie, au contenu actualisé.
Isabelle SPRIET, Ath 28 février
Le songe d’une nuit d’été
Adaptation et mise en scène : Jean-Michel d’Hoop
Assistanat à la mise en scène : Lucile Vignolles
Avec : Ahmed Ayed, Adrien de Biasi en alternance avec Marouan Iddoub, Soazig De Staercke, Emmanuël Hennebert en alternance avec Fabrice Rodriguez, Amber Kemp, Nicolas Laine, Héloïse Meire, Simon Wauters
Musique : Boris Gronemberger
Marionnettes et masques : Loïc Nebreda, assisté par Isis Hauben, Maël Christyn, Ségolène Denis
Scénographie : Olivier Wiame assisté par Olivia Sprumont
Costumes : Camille Collin
Chorégraphie : Jérôme Louis
CRégie générale : Julie Bernaerts, Grégoire Tempels, Marc Defrise
Photos : Debby Termonia, Véronique Vercheval
En tournée :
le 5 mars 2024 – ABC Dijon (FR)
7 et 8 mars 2024 – Maison de la culture de Nevers (FR)
du 11 au 15 mars 2024 – Eden, Charleroi (BE)
21 mars 2024 – C.C Verviers (BE)
23 mars 2024 – Foyer culturel St Ghislain (BE)
27 et 28 mars 2024 – C.C Cineyer
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