Jules est le héros éponyme de ce spectacle qui joue pour la deuxième fois à Avignon. Ce prénom bien banal fait écho au cadre dans lequel se déroule la narration : un fast-food.
L’arrivée de ce Rastignac des bacs à huile, maladroit et emprunté mais “persévérant comme un marathonien et polyvalent comme un caméléon” semble dérégler la marche de l’établissement. Le spectateur assiste ainsi à une plongée dans l’univers de l’entreprise où les êtres tout comme les aliments se consomment vite et où la violence, banale, latente, réside autant dans les assiettes que dans les rapports entre collègues, entre supérieurs, entre clients.
Le spectacle est touchant et talentueux à plusieurs égards. Le projet initial et les fondements même de ce spectacle semblent un contre-discours émouvant aux impératifs de productivité et aux modalités relationnelles de la vie en entreprise : un travail en collectif, l’improvisation comme moteur de la création, un jeu d’acteur engagé et généreux, la simplicité d’un plateau quasiment nu et la proximité avec le public.
Pour autant, le propos n’est pas monolithique, il souligne l’intersection entre un propos écologique et des questions sociales (comment nourrir la planète ?). Il rappelle aussi une certaine philosophie de vie que l’on retrouve dans la géniale série The Office. La volonté de trouver du sens et de la beauté malgré l’aridité du monde du travail ; l’importance du jeu et de l’amusement dans un environnement aseptisé aux gestes répétitifs.
Vous ne pourrez pas manquer leur affiche dans les rues d’Avignon ; s’ils semblent faire la promo de l’EP d’un rappeur dans le vent, c’est parce que la partition scénique et la direction d’acteur est cadencée, rigoureuse et rythmée comme un flow. Ce spectacle est jeune, solide et nous vous le recommandons.
Camille Saintagne, Avignon, 19 juillet,
Jules
Avignon, Festival Off, Théâtre des Barriques à 13h05
du 7 au 30 juillet - Relâches les mardis
Auteur : Carrelage collectif
Mise en scène : Mickaël Allouche
Interprète(s) : Adrien Madinier, Taddéo Ravassard en alternance avec Barthélémy Maymat, Juliette de Ribaucourt, Paul Scarfoglio
Photo : Samuel Allouche