De la légèreté, du rythme et de l’humour pour dénoncer 5000 ans de patriarcat. La prestation est époustouflante mais le texte s’essouffle en cours de route, réduisant le patriarcat à une dimension strictement phallique.
Le spectacle commence comme un show télévisé, à grands renforts de musique, lumières et micro. Le comédien entre en scène, fanfaronne. Joue avec le public. Et l’air de ne pas y toucher, enchaîne les stéréotypes sur l’homme. Dominateur. Ecrasant de virilité.
Jérémy Dubois virevolte, chante, danse. Avec un sacré déhanché. Il joue sur les clichés véhiculés par les chansons, la pub, le cinéma. Il décortique, arrête une image ou une parole. Souligne les normes intériorisées par des générations successives. Sans remise en cause. Il est toujours difficile de le faire quand on est « du bon côté du patriarcat ».

L’ensemble est bien mis en scène et superbement joué. Mais manque d’épaisseur. Car lorsqu’une bascule se fait entre « l’Entertainment » et un propos plus sérieux, elle se fait aussi entre l’exposé de la domination masculine et celui d’une phallocratie exclusivement ithyphallique, contraignante pour les hommes. Et il est difficile de s’en contenter.
La promesse, pastichant Simone de Beauvoir, de montrer que l’on ne nait pas homme mais qu’on le devient ne semble pas tenue. Le propos se délite dans une diatribe sur l’obligation ancestrale faite aux hommes d’être puissant et de bander. L’allégorie du téléphone portable semble arriver comme un cheveu sur la soupe. La forme est sans faille : jeu, lumières et sons sont excellents. Mais on ressort déçu.
Karine PROST - Avignon – 25 juillet 2023
Passons à autre chose
Avignon, Festival Off,
Artéphile – 15h35
Du 7 au 26 juillet ; relâche les 13 et 20 juillet
Auteure et Mise en scène : Bernadette Gruson
Interprétation : Jérémy Dubois
Photo ©Thomas Batailh
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