Festival On – ADOLF BENITO & JOSEPH, Une partie d’échecs – Jardin Romain
Construite un peu comme une fable sur la responsabilité de chacun face à la démente cruauté de quelques-uns, « Adlof, Benito et Joseph » conjugue mémoire et humour. Une combinaison osée mais réussie.
Un espace quasi vide. Meublé d’un guéridon échiquier, de deux tabourets, d’un chevalet et quelques toiles. Dont on ne voit au départ que le dos. En fond de scène, trois voiles blancs qui seront tout à la fois portes et écran de projection. On y verra, par touches espacées mais significatives, des images de foules, de guerre. De dictateurs : Hitler, Mussolini, Staline.
Trois dictateurs qui se retrouvent dans l'antichambre improbable d’un potentiel « au-delà ». Où chaque jour se ressemble, avec son lot d’ennui et de souvenirs qui s’étiolent. Joseph et Benito s’occupent en jouant une impossible partie d’échecs. Adolf s’adonne à la peinture. Et, dans cette routine d’agacements mutuels, ils s’invectivent et se disputent. Comme un trio de sales gosses égoïstes.
Jusqu’à ce que Sarah arrive. Comme une marionnettiste, elle renvoie les anciens dictateurs à leurs démons. Mémoire, Histoire, Conscience… elle fait le lien entre passé et présent. Et nous souffle à chacun l’inconfortable question de la véritable responsabilité dans les drames de l’histoire. Passés ou futurs.
Olindo Cavadini, Nikson Pitaqaj et Yves Sauton incarnent avec une distance bienvenue leurs personnages de dictateurs. Comme pour en faire des personnages de bande dessinée. Ou de film des années 30. Mêlant justesse de jeu et ridicule de composition. Manuelle Moninas apporte une dimension plus irréelle à la pièce. Dimension qui, paradoxalement, lui insuffle ce qu’il faut de vérité pour toujours rappeler que le but ultime n’est pas ici le rire. Pertinent. Et efficace.
Karine PROST
Caumont, 25 juillet 2024
Photo © DR
Avec : Olindo Cavadini, Manuelle Moninas, Nikson Pitaqaj, Yves Sauton
Mise en scène : Yves Sauton assisté de Christine Eckenschwiller
Texte : Yves Sauton
Création lumière : Léonard Cavadini
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