Double solitude
- ruedutheatre
- 19 juil.
- 2 min de lecture
Festival Off – Dans la solitude des champs de coton – Théâtre du Girasole – 14h05
Dans un froid décor de hangar où s’estompent ombre et lumière, cette interprétation de "Dans la solitude des champs de coton" s’incarne dans un face-à-face tendu et viscéral. Prisca Lona et Justine Morel s’emparent du texte de Koltès avec une intensité saisissante, portées par la mise en scène millimétrée d’Alexandre Tchobanoff. Une interprétation puissante. Mémorable.
Dans une scénographie épurée mais d’une redoutable efficacité, la rencontre entre un dealer et un client se déploie dans une tension palpable. Un banc d’une part, un escabeau de l’autre. Et un espace découpé par les jeux de lumière, des zones d’ombre et de clarté mouvantes où les personnages tour à tour se fondent ou se révèlent. Où chaque mot, chaque geste, chaque déplacement rend l’atmosphère plus tendue. Électrisante. L'échange devient affrontement verbal et physique. Tantôt duel, tantôt pas de deux. Sans jamais trancher.

Plus qu’un échange insoluble entre un marchand et son acheteur, on assiste à une rencontre entre deux mondes, hermétiques mais pourtant inexorablement attirés l'un vers l'autre. Les frontières sont brouillées. Entre lumière et pénombre, pouvoir et dépendance, possession et quête, humanité et animalité.
Le dialogue est transcendé par la vivacité du jeu des comédiennes. Leurs mouvements saccadés, leurs échappées et leurs poursuites sont semblables à une danse, tout en tensions et évitements. Un pas en avant, trois en arrière. Pourtant, elles tissent une complicité tacite, déjà coupables de s’être rencontrées. Elles incarnent avec force et finesse toute l’ambiguïté du lien entre les deux personnages, qui oscille entre élans de violence et parfois, de tendresse.
On est très vite saisi par cette superbe interprétation, rythmée, nerveuse. Sensible. On en ressort le souffle coupé. Et on en redemande.
Louise APRIN
19 juillet 2025
Photo : ©Jon.D
Mise en scène : Alexandre Tchobanoff
Avec : Prisca Lona et Justine Morel




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