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Le poids des préjugés

  • ruedutheatre
  • 19 juil.
  • 2 min de lecture

 Festival Off 2025 – Comme tu me vois – Théâtre Le Train Bleu - 18h45

 

« La bonhomie des gros, c'est rien que de la colère stockée sous la peau » chantait Maurane il y a une dizaine d’années. De la colère, de la souffrance, de l’humiliation parfois. Que le Théâtre du Nord a choisi de mettre en mot et en scène(s). Dans une puissante sobriété.

 

Seul sur scène Grégori Miège s’avance au milieu d’un plateau quasi vide. Avec pour seuls partenaires des voix off et des effets de lumière, qui sculptent les temps et les lieux. D’une salle d’attente d’hôpital à une salle à manger familiale. D’une cour de collège au cabinet d’une nutritionniste. Comme l’on porte sa couleur de peau, on porte son poids. Et avec lui, le regard des autres. Pas toujours bienveillant. Car les normes de santé publique comme celles de la mode ont été intériorisées par des générations entières. Et si nul ne choisit sa couleur de peau, n’est-on pas « forcément » un peu responsable de son tour de taille ?

 

Ce « récit d’une grossophobie ordinaire » interroge notre rapport au corps. Au corps gros. Enveloppé. Grassouillet. Obèse. Il se positionne comme un miroir multi-facettes de notre société. Dans laquelle le surpoids est stigmatisé. Hors norme. Dans tous les sens du terme. Il raconte, dans un fil narratif épars, les souffrances quotidiennes. Met en exergue un vécu de violences psychiques. Aussi brutales qu’invisibles. Sans pour autant entrer dans un jugement frontal. Plutôt comme un témoignage de vies. Un appel au respect. Et à l’empathie.

Le propos est délivré avec un infini talent par Grégori Miège. Il fait vivre les mots, vibrer les maux, exploser les colères. Avec puissance. Il est seul sur scène mais occupe tout l’espace de son aura charismatique. Il montre son corps mais on ne voit que sa présence. On regrettera cependant certaines longueurs. Si les voix off s’entendent comme la doxa dominante, le poids du jugement social, elles peuvent sembler par moment redondantes et ne rien apporter de plus à la narration.

 

« Comme tu me vois » s’impose malgré tout comme une traversée intime et intense. Où les silences et les ombres sont tout aussi éloquents que la parole. Tous disent une réalité invisibilisée et pourtant évidente. Un spectacle fort. Juste. Essentiel.

  

Karine PROST

Avignon, 19 Juillet 2025

 

Photo © Frédéric Iovino

Texte, dramaturgie et mise en scène : Arnaud Alessandrin, Grégori Miège et Marielle Toulze 

Avec : Grégori Miège

Création lumière :  Stéphane Babi Aubert

Création musicale : Emmanuel Cremer

Costumes : Angélique Legrand

Avec les voix de : Clément Bigot, Fantine Gélu, Ambre Germain-Cartron

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