Festival Off – Maïwenn, 16 ans et demi – Théâtre du Verbe Incarné – 11h45
Une représentation coup de poing sur les risques des réseaux sociaux pour les jeunes. Vus par le prisme adolescent. Du besoin d’être aimé à celui de la reconnaissance : qui s’y frotte s’y pique.
Une jeune-fille à l’image de tant d’autres. Au cœur de l’adolescence, cet âge complexe où l’enfance le dispute à la maturité. Où le besoin de reconnaissance, de vivre dans le regard des autres semble si nécessaire à sa propre vie. Telle est Maïwenn. Une existence rythmée par le lycée, des parents à l’éducation stricte. Et les réseaux sociaux. Ici, ce sera Instagram. Cela aurait pu tout aussi bien être TikTok ou Snapchat. La spirale risquée des « likes » et des « cœurs » reste la même. La descente aux enfers programmée de l’adolescente sera implacable.
Louise Savatier et Dorianne Koyalisse sont exceptionnelles dans ce récit, brut et sans concession. Si l’histoire situe Maïwenn à Pointe-à-Pitre, la mise en scène de Magali Solignat lui donne une certaine universalité géographique et temporelle. Notamment par des exercices d’équilibriste. Par une piste de cirque esquissée au sol. Un univers fragile où la grâce aérienne des trapézistes ne peut effacer les risques quotidiens.
Poignante dans son rôle de Maïwenn, Louise Savatier interprète avec beaucoup de puissance les émotions de l’adolescente. Colères, effondrements, rébellion et excès sont joués avec force et précision. Dorianne Koyalisse, qui lui donne la réplique dans une kyrielle de rôles est quant à elle exceptionnelle. Elle passe d’un personnage à un autre avec une étonnante agilité. D’une mimique à une gestuelle, d’une mèche de cheveux relevée à une tignasse ébouriffée, elle joue de sa voix et de son corps pour incarner parents, copines, sœur, et autres petits amis avec un rare talent.
Les deux comédiennes nous entrainent dans cette chronique contemporaine avec tout à la fois force et délicatesse. Elles mettent en exergue les risques nouveaux auxquels la fragilité des adolescents doit faire face. Sans jugement ni condescendance. Alors même si l’on peut penser que la fin optimiste du récit semble un peu précipitée, on ne peut que recommander ce spectacle. ❤ ❤👍🏽
Karine PROST
Avignon, 19 juillet 2024
Photo © Ph. Virapin
Avec : Louise Savatier ; Dorianne Koyalisse
Mise en scène : Magali Solignat
Texte : Magali Solignat et Charlotte Boimare
Scénographie : Florence Lombardo
Création lumière : William Leclercq et Denis Schlepp
Univers sonore : Evan Maugé
Costumes : Mélisande de Serres
Danse aérienne : Vanessa Volckaert
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