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Tornade Blanche !

COUP DE CŒUR 


Festival Off – Blanche, l’odyssée d’une vie– Présence Pasteur – 22h00

 

L’épopée d’une vie, par bribes éparses. Mise en espace, en parole et mouvements avec tendresse, humour, poésie. Et un infini dynamisme. Un spectacle exceptionnel de beauté, de fraicheur. Et de talent.

 

Une armoire. Et une immense table de bois autour de laquelle Blanche vient donner la recette de sa soupe de saison. Une table qui sera tour à tour table à manger, lit, toit de grange, quai de gare, garde-manger et autre lavoir. Une table-scène autour de laquelle se construira, comme par ajustements successifs et aléatoires, l’histoire d’une vie. Celle de Blanche, petit bout de femme, qui aura gardé tout au long de son existence une vitalité et un ressort impressionnants.

 

La compagnie nous entraine ici dans un tourbillon de souvenirs qui distribue les pièces éparses du puzzle d’une vie. A la mesure de la mémoire d’une Blanche vieillissante mais toujours dynamique et facétieuse. Au fil de la recette qu’elle nous donne, sa mémoire invite ses fantômes et ses souvenances. Dans une chronologie aléatoire qui donne encore plus de relief au récit.

Et chaque souvenir prendra vie sous nos yeux. Ses disparus reprennent soudain vie et corps. Elle est tout à coup cette petite enfant qui se jette au cou de son frère, puis cette jeune femme, cachée dans la grange pour fumer sa première cigarette ou vivre ses premiers émois amoureux. D’un geste, d’une courbure de dos, elle redevient vieille dame. Avant de repartir dans la valse de son passé. Impressionnant.

 

Impressionnante aussi, la mise en scène. Qui conduit cette explosion de vie, cette confusion des temps et des lieux comme en suivant un fil de lecture invisible. Si Mélanie Viñolo est exceptionnelle dans son rôle de Blanche, c’est aussi parce qu’elle tient ce fil de bout en bout et nous permet de le suivre avec elle. Un fil que tissent également les trois autres comédiens, qui endossent tous les autres rôles. Notamment, ces « chers disparus », toujours présents dans le cœur de Blanche. Ses fantômes. Frère, mère, tante, amoureux, mari, amie. Qui entrent et sortent d’une armoire à deux battants, à la fois mémoire et ouverture sur un autre monde.

 

L’ensemble est enfin servi par une création lumière qui ajoute à l’esthétique de l’ensemble et donne un caractère spécifique à chaque pièce du puzzle de vie qui se joue devant nous. L’univers sonore n’est pas en reste. Avec notamment des instants de live musicaux qui s’inscrivent parfois comme en écho d’une bande son. Ou vice versa. Une richesse artistique au service d’une histoire toute simple. De l’exceptionnel. Sans fioriture.


 Karine PROST

Avignon, 21 juillet 2024

Photo © Chloé Habasque

Avec : Camille Duchesne, Diane Lefébure, Mélanie Viñolo & Arthur Pérot

Mise en scène : Hervé Estebeteguy

Texte : Mélanie Viñolo

Création lumière : Julien Delignières

Création sonore : Mathias Goyheneche

Scénographie : L’Atelier MOA

Plasticienne : Annie Onchalo

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