Sol'iloque grandiose
- ruedutheatre
- 11 juil.
- 2 min de lecture
Pôvre vieille démocrasseuse - La Factory 11h35 - du 11 au 21 juillet (relâche le 15 juillet)
En ces temps d'incertitudes politiques et sociales, qu'il est bon de s'arrêter une heure durant pour s'abreuver aux mots de Sol. Mis en vie avec un infini talent par Marie Thomas et Michel Bruzat. Une heure de rires, suspendus aux lèvres et au geste d'une comédienne éblouissante. Lumineux !
C'est lorsque le temps est à la morosité que l'on a le plus besoin de se divertir. De retrouver au plus profond du rire la pulsion vitale qui nous permet d'avancer. Et c'est très exactement ce que nous offre ici le Théâtre de la Passerelle. Une connexion avec l'essentiel. Avec le rire, l'intelligence du mot, l'absurde de nos conditions, la poésie de la langue et la finesse de l'esprit.
Les mots de Marc Favreau, alias Sol, clown québequois, se glissent dans la bouche de Marie Thomas et l'habitent toute entière, jusqu'au bout de ses bras tendus comme ceux d'un enfant, jusqu'à ses gestes et ses équilibres précaires mais si bien maitrisés, jusqu'au pétillant de son regard espiègle. La comédienne est imprégnée de ce texte qu'elle fait vivre et frémir comme il ne l'a peut être jamais été. La finesse des jeux de mots, la beauté de leur poésie, la pertinence de leurs messages sont délivrés avec maestria. La performance de la comédienne laisse sans voix. On la savait déjà exceptionnelle. On la découvre encore plus grande.

Et la maitrise de ce jeu est sublimé par une mise en scène fluide et discrète, toute tournée vers le message et l'importance du dire. Sublimé aussi par des univers lumineux dorés qui semblent donner un côté intemporel, et par là-même universel, au propos. A l'image également du costume de la comédienne, qui semble faire d'elle à la fois femme, homme, clown et enfant. Dans une grâce un peu désuette qui propulse l'ensemble hors du temps.
Cela faisait bien longtemps qu'une heure n'avait pas été aussi courte, aussi drôle, aussi intense et aussi belle. Fragile aussi sans doute, un peu comme le coquelicot que la compagnie accroche en fond de scène. Fleur fragile et délicate qui traverse les temps et les orages. Comme l'espoir qui nous fait avancer et nous permet de rire de nous-mêmes. Rire de nos travers pour mieux les combattre et renouer avec l'essence de notre humanité.
Karine PROST
Avignon, 11 juillet 2025
Textes : Marc Favreau
Avec : Marie Thomas
Mise en scène : Michel Bruzat
Costumes :Dolores Alvez Bruzat -
Lumière : Franck Roncière -
Direction : Marie Thomas - Thierry Pavard -




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