Une bien mauvaise blague...
- ruedutheatre
- 18 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 juil.
Surréaliste : le théâtre « Paradise République » installé dans les anciens locaux de l’ANPE contraint à baisser le rideau en pleine représentation pour cause de salariés non déclarés.
59e édition du Off et une première : la fermeture administrative en plein festival pour un théâtre dont la programmation est exclusivement axée sur l’humour. Un coup de théâtre qui n’a pas fait rire l’humoriste belge, Sylvie VDS pour sa première participation en tant qu’artiste à ce rendez-vous juilletiste de l’art vivant, incontournable pour les professionnels de la scène et agréable pour les amoureux des mots, de la musique et de la danse. Ce n’est donc pas à une représentation de « La spiritualité mon cul » dans une mise en scène de Denis Pilette, programmée les jours pairs à 11h que nous assistons mais à une rencontre, sur le trottoir, face à un volet métallique baissé, avec la comédienne, son producteur et la personne responsable de la diffusion. Un trio resté soudé malgré la déconvenue.

Une première question s’impose : comment peut-on, quand on sait que le festival s’est plus qu’éloigné de l’esprit insufflé par Jean Vilar et que tout, ou quasi tout, est devenu une affaire de business et de rentabilité, être à ce point tombés dans le panneau ? Une seule réponse : la naïveté et la croyance en son projet personnel. Le producteur qui croit en sa protégée, la diffuseuse nouvellement dans le métier, et Sylvie VDS qui, après plusieurs expériences professionnelles, a choisi d’être artiste à plein temps. Et qui, de surcroit, a reçu la proposition d’une autre artiste compatriote de venir jouer à Avignon, en alternance avec elle. Une aubaine, que l’on accepte sans trop se poser de questions.
Le choc de l’arrêt des représentations passé, Sylvie et ses collaborateurs (professionnels et familiaux) ne voient pas, pour le moment, « l’après » en noir. A l’instar de ce qu’elle raconte dans son seule-en-scène, fruit d’un énorme travail introspectif, quand on tombe, il y a toujours quelque chose à ramasser qui permet de se relever plus riche… Elle y voit même une concrétisation inespérée de ce qu’elle donne en partage et en paroles à son public venu nombreux aux cinq représentions qu’elle a pu jouer avant la fermeture administrative du lieu. Un signe, la preuve spirituelle qu’elle est dans la bonne direction. Restant positive, elle nous confie même que cette expérience malheureuse lui a donné l’occasion de se rendre compte, par exemple, que les Français ne rient pas aux mêmes vannes que leurs voisins belges ! Chance donc aussi pour la production et la diffusion dont l’objectif est de s’insérer dans le marché outre-Quiévrain.
Ceci étant, si l’équipe de « La spiritualité mon cul » n’est pas totalement tombée par terre, et que, apparemment, les conséquences ne semblent pas trop dramatiques pour eux, il en va tout autrement pour d’autres compagnies qui, après un mois à Avignon, risquent de devoir mettre la clé sous le paillasson pour cause de faillite financière, dégoûtées à tout jamais du théâtre qui, rappelons le, a pour mission de divertir et faire réfléchir chacun d’entre nous, acteur de sa vie.
Puisse cette fermeture administrative être une ouverture à une remise en question profonde du fonctionnement de ce festival OFF apprécié par les vacanciers et les professionnels mais de plus en plus interloqués devant les 1700 spectacles répertoriés et proposés quasi quotidiennement pendant trois semaines. Quel sens cela a-t-il encore ?
Isabelle SPRIET
Avignon, 18 juillet 2025




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