Une vision décomplexée du quotidien
- ruedutheatre
- 9 juil.
- 2 min de lecture
Festival In 2025 – Nexus de l’adoration – Gymnase du lycée Aubanel – 2h30 – 9 juillet – 18 h
Tandis que les spectateurs entrent dans la salle, les neuf interprètes sont déjà sur scène en actions ralenties. Dans la pénombre, on est frappé par leur tenue vestimentaire. Shorts, tee-shirts, blouses, bodys, chaussettes, baskets ordinaires mais agencés et coordonnés de manière peu ordinaire. Exemples : cuissardes et caleçon noirs avec chemise et cravate ou bermuda avec bas résilles. Une homogénéité non genrée pour exprimer l’hétérogénéité, marque de fabrique de toute la représentation.
Joris Lacoste, concepteur, compositeur, auteur, metteur en scène et chorégraphe s'investit personnellement dans son « Nexus », mot emprunté à la technologie faisant également écho à « plexus », terme biologique signifiant un enchevêtrement de filets nerveux. En demandant à ses comédiens, quand ils ne dansent ni ne chantent, d’effectuer le moindre de leur geste dans une extrême lenteur, c’est bien à une dissection de notre vie, de notre quotidien qu'il nous convie.

Comme l’exige la démarche scientifique, la légende, la liste de tout ce qui est décortiqué doit être jointe. Et comme, en plus, l’objectif est que chaque membre du public puisse se reconnaître, être touché, s’identifier, une longue et longue et longue énumération nous en est donnée. Tout, absolument tout, y passe. Inimaginable. Pêle-mêle : battement de cœur, billet de cinquante euros, laverie automatique, candidat à l’eurovision, jalousie dévorante, sécheresse vaginale, sosie de Léon Marchand, paquet de chips à l’ancienne, rouleur compresseur de chantier, Bêta-bloquants,… Alors, bien entendu, à un moment ou à un autre, cela nous fait tilt... et sourire !
Pour ne pas trop lasser et surtout réattirer l’attention, la logorrhée est entrecoupée de « chorées »-comédies musicales plaisantes. Un énorme travail se ressent. Outre la mémorisation, l’occupation de plateau, les déplacements, les voix, l’utilisation d’instruments de musique, la sonorisation, les lumières, tout est peaufiné, juste et varié. Pourquoi, dès lors, une saturation finit par gagner le public ?
Devant le directeur-programmateur du festival, Tiago Rodrigues, présent, des personnes quittent les lieux avant la fin. Et, comble du comble, après les saluts, une nouvelle litanie redémarre. Même les plus polis finissent par partir tandis que les artistes continuent d’interpeller encore et toujours ! Sans nul doute, tout cela était aussi bien prévu. Suggestion : raccourcir d’une heure et le message serait vraiment porteur.
Isabelle SPRIET
Avignon, 9 juillet 2025
Conception, texte, musique, mise en scène Joris Lacoste
Scénographie et lumière Florian Leduc
Collaboration à la danse Solène Wachter
Collaboration musicale et sonore Léo Libanga
Costumes Carles Urraca
Interprétation et participation à l’écriture Daphné Biiga Nwanak, Camille Dagen, Flora Duverger, Jade Emmanuel, Thomas Gonzalez, Léo Libanga, Ghita Serraj, Tamar Shelef, Lucas Van Poucke
Son Florian Monchatre
Assistanat à la mise en scène et à la dramaturgie Raphaël Hauser
Coaching vocal Jean-Baptiste Veyret-Logerias
Régie plateau Marine Brosse, Seydou Grépinet
Photo © Christophe Raynaud de Lage
TOURNÉE
25 et 26 septembre 2025 Le Maillon, Théâtre de Strasbourg Scène dans le cadre du Festival Musica
4 au 7 décembre 2025 Festival d’Automne MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis – Bobigny (Paris)
19 et 20 décembre 2025 Le Lieu unique Scène nationale de Nantes
7 et 8 janvier 2026 Festival TRANSFORME Comédie de Clermont-Ferrand
27 mars 2026 La Halle aux Grains Scène nationale de Blois
31 mars au 3 avril 2026 Festival TRANSFORME Théâtre de Lyon
