Laura Vazquez, « Les forces » : une lecture-performance envoûtante

ruedutheatre
25 oct.
2 min de lecture

À l’occasion de la sortie de son deuxième roman « Les forces », déjà salué par la presse, Laura Vazquez, Goncourt de la poésie en 2023, a offert au public bruxellois une lecture-performance singulière, suivie d’un entretien.

Le dispositif scénique, réduit à l’essentiel, une table noire et un micro côté jardin, laisse toute la place au texte. Vêtue de noir, casquette vissée, Laura Vazquez s’installe, visage concentré, puis commence sa lecture.

On découvre ainsi l’odyssée d’une narratrice en quête de lumière, refusant l’ordre établi et traversant des espaces où se succèdent des rencontres tantôt drôles, tantôt tragiques, miroirs de notre société. Son parcours s’articule autour de cinq lieux emblématiques : la maison familiale et l’enfance, le bar lesbien, la maison des morts, l’immeuble des sectes, puis la montagne et la terre.

La précision de sa diction et l’énergie du phrasé imposent une présence magnétique. Elle ne propose pas l’intégralité de son ouvrage, mais une sélection de passages choisis pour leur densité rythmique et leur charge sonore. Chaque mot pulse, dessinant une partition proche du slam.

Entre les extraits, Laura comble les ellipses et éclaire les transitions, de sorte que le fil narratif reste lisible tout en laissant place à la musicalité brute du texte. La performance confirme son talent de conteuse ; une voix, un souffle, un rythme et un flux verbal créent une expérience immersive.

Après cette interprétation, place à l’entretien. Deux fauteuils sont installés et l’autrice se prête au jeu des questions en dévoilant les mécanismes de création, la genèse des œuvres et quelques anecdotes personnelles nourrissant son imaginaire. Elle se montre précise et généreuse, sa conviction compense les relances timides ou superficielles de la médiatrice. Une phrase simple et bouleversante demeure : « Je suis très émue par la grammaire. »

La soirée se clôt sur une liste de rêves notés par l’écrivaine en septembre, une succession d’images absurdes, drôles et intimes qui résonnent comme une petite histoire autonome. Ce final, à la fois léger et poignant, parachève une prestation qui transforme la littérature en expérience sensorielle et collective. Cette rencontre nous a offert un moment rare : l’écriture portée à voix haute devient ici une véritable force vive, finalement celle du théâtre.

Julien LALOY

Bruxelles, 25 octobre 2025

Bruxelles, Espace Magh. Rencontre organisée par Passa Porta.

A partir du roman « Les Forces », Editions du sous-sol, 2025.

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