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Pas de silence pour Le Silence de Claire Lagrange

  • ruedutheatre
  • il y a 6 jours
  • 3 min de lecture

La santé mentale a toujours été un sujet tabou. Peut-être un peu moins depuis la pandémie qui a frappé la planète entière, il y a cinq ans. C’est ce laps de temps qui a été nécessaire à Céline Delbecq pour écrire le texte, le mettre en voix et en espace. Parce que le sujet la touche de près, la comédienne se refuse de parler de jeu et privilégie un théâtre vrai, sans tricherie, sans hypocrisie.

 

La lauréate de nombreux prix littéraires (notamment Prix Charles Plisnier et Prix triennal de Tournai, sa ville natale) apparaît de dos, assise à un bureau. Elle pense tout haut. Comment imaginer la scène pour rendre compte de la lenteur des gestes de Claire ? Où placer celle qui dessine et peint dans la salle commune d’un hôpital psychiatrique ? En contre-jour ou pas en contre-jour ? Céline réfléchit, note ses suggestions.

Qui choisir pour incarner l’avocate en droit international, maman de Roméo, qui a fait une décompensation psychotique à 28 ans, à la stupéfaction de son entourage puisque tout allait apparemment bien ?

 

Finalement, parce que cette histoire est vraie, Céline Delbecq décide de raconter elle-même ce qui s’est passé. Elle sera la voix des quatre personnes qui gravitent autour de Claire : Jean et Sylvia, deux autres résidents, la responsable du centre plus préoccupée par l’administratif que par la thérapie et sa mère qui, dans le déni et l’incompréhension, ne se presse pas à venir lui rendre visite. Pour visualiser tout ce petit monde, des personnages Playmobil métamorphosés en marionnettes à tige, manipulés assez adroitement par Isabelle Darras, filmés et projetés sur grand écran.

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Nous assistons à une réelle performance de comédienne. Un seule en scène à la présence physique et vocale impressionnante pour un flot ininterrompu et soutenu d’informations, de réflexions, d’interrogations pertinentes. Dans toute cette logorrhée, les phrases, oui, parviennent jusqu’à nous et de temps à autre certaines réussissent à nous faire écho ; notamment quand Sylvia confie qu’elle se perd dans ses pensées et que Jean, lui, se perd quand il ne pense pas ; quand le duo se rend compte que, même le vide, Claire ne le regarde pas.

 

Pour un sujet aussi capital qu’est la santé mentale, thème rarement traité en théâtre (courageux donc et audacieux pour l’auteure-interprète) et problème sociétal de plus ou plus visible (nous connaissons tous quelqu’un dans notre entourage qui est ou a été fortement médicamenté, sous assistance ou camisole chimique), pourquoi aucune respiration ? Aucune pause ? Aucun silence habité durant cette prestation ?

 

Assez paradoxal pour témoigner du silence de Claire. Sans doute que l’artiste, malgré sa virtuosité à changer en permanence de voix et donc de personnes, a souhaité créer une mise à distance sans affect. Sa catharsis à elle.

Isabelle SPRIET

Mons, 9 décembre 2025


Ecriture et mise en scène : Céline Delbecq

Avec : Isabelle Darras et Céline Delbecq

Scénographie : Ronald Beurms

Création sonore : Pierre Kissling

Création technique et régie générale : Aurélie Perret

Création vidéo et photo : Alice Piemme

Création lumière : Jérôme Dejean

Costumes: Elise Abraham

Collaboration à la mise en scène : Jessica Gazon

Assistante à la mise en scène : Amber Kemp

Conseil voix : Emilie Maquest

Conseils dramaturgiques : Christian Giriat, Rita Freda

Régie en tournée (en alt.) : Aurélie Perret, Aude Dierkens, Sébastien Destrée, Mathieu Libion, Zacharie Viseur

 

Tournée :

 06 et 07 /02 / 2026​La Vènerie / Rencontres Images Mentales / Bruxelles

01 au 15 / 04 / 2026​Le Vilar (Salle Blocry) / Louvain La Neuve

28 au 30 /04 / 2026​La Manufacture / CDN Nancy

20 et 21 / 05 / 2026​Théâtre des Ilets / CDN Montluçon

28 / 05 / 2026​​Maison Poème / Bruxelles

 
 
 

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